Incontournables

Nous quittons Reykjavík au matin, premier départ vers la nature. Cap au nord. La route serpente le long du fjord Hvalfjördur, vaste entaille minérale où nous faisons halte pour une première mise en mouvement. Une marche douce nous mène jusqu’à Glymur, chute vertigineuse cachée au fond d’un canyon étroit de deux cents mètres. Le décor est brut, encaissé, presque secret. Puis nous reprenons la route vers Borgarnes, bourg posé au bord de l’eau, tout près du lieu où le Pourquoi Pas ? du commandant Charcot s’est perdu. L’asphalte se glisse entre les coulées de lave et les cratères, dont celui de Grábrók, que nous gravissons pour embrasser du regard ce paysage volcanique. On passe un plateau délilmitant les terres du sud et du nord, les landes s’étendent. Le nord se dessine. En fin de journée, nous atteignons la péninsule de Vatnsnes. Entre mer et montagnes, installation en gueshouse. Diner et nuit sur place.

La journée s’ouvre sur une halte paisible à l’embouchure d’une rivière. Les phoques somnolent sur les galets, à deux pas du monolithe de Hvítserkur, silhouette étrange plantée dans l’eau, comme un vestige oublié. La route s’élance ensuite à travers les campagnes du nord, vertes et vallonnées, royaume des chevaux et des moutons. À Hofsós, village côtier discret, nous découvrons une piscine à ciel ouvert, suspendue au-dessus du fjord Skagafjördur. Face à nous, l’île de Drangey, refuge du héros Gréttir dans la saga éponyme. Selon l’humeur du ciel, nous poursuivons par la route n°1 vers Akureyri, ou bien nous longeons la côte jusqu’à Siglufjördur, ancienne capitale du hareng. Le musée nous plonge dans l’ambiance brute de ce port longtemps isolé, battu par les vents et les marées. En fin de journée, nous débouchons sur le fjord Eyjafjördur, le plus long de l’île. Puis cap sur Mývatn, où nous installons notre camp pour deux nuits, au cœur d’un territoire volcanique vibrant. Installation en caping dans cette oasis de verdure aux portes de highlands. Diner et nuit sur place.

Nous restons dans la région de Mývatn, territoire vivant et minéral. La journée commence par une marche le long des pseudo-cratères de Skútustaðir, formés par des explosions de vapeur sous la lave. Le sentier serpente entre les formes arrondies, au bord du lac. Nous poursuivons à pied vers Dimmuborgir, un champ de lave figée aux allures de ruines, avant de grimper les pentes régulières du cratère Hverfjall. Là-haut, la vue s’ouvre sur les reliefs volcaniques et les étendues du nord. Une journée en mouvement, entre marche et observation, dans un décor brut et contrasté. Nuit aux abords du lac.

Nous quittons doucement la région de Mývatn, au cœur du rift volcanique actif. Ici, les paysages sont parmi les plus contrastés de l’île : solfatares, cratères, coulées de lave et lacs peu profonds se succèdent dans une ambiance minérale. Nous commençons la journée par la découverte du site de Námaskard, où les marmites de boue bouillonnent et les fumerolles s’élèvent dans l’air. Le sol vibre, les couleurs tranchent, l’activité géothermique est partout. Nous reprenons la route vers l’est pour rejoindre Dettifoss, réputée pour être la chute la plus puissante d’Islande. Le débit impressionne, le grondement résonne dans la gorge. L’après-midi marque une transition : nous quittons les reliefs volcaniques pour traverser la partie la plus désertique de notre itinérance. Quelques heures de route à travers des étendues silencieuses, presque lunaires, avant que le décor ne change à nouveau. Les fjords de l’Est apparaissent, découpés, plus verts, plus doux, tout en transition. Nous nous installons pour la nuit en guesthouse dans l’un de ces fjords, entre mer et montagne, pour une nouvelle étape du voyage.

Nous quittons les fjords de l’Est en prenant de la hauteur. La route grimpe vers le col de Öxi, entre montagnes plissées et vallées encaissées. Le paysage change, les couches géologiques se dévoilent, témoins d’un volcanisme ancien, vieux de seize à vingt millions d’années. Une éternité à l’échelle de l’Islande, un soubresaut récent à celle de la planète. Nous redescendons vers la baie de Lónsvík, puis poursuivons vers Höfn, où nous nous installons pour la nuit.
Le lendemain, nous longeons le Vatnajökull, immense calotte glaciaire aussi vaste que la Corse. L’unique route de la région suit sa base, entre langues glaciaires et étendues noires. Nous faisons halte à Jökulsárlón, lagune glaciaire où flottent des blocs de glace détachés du front du glacier. Une marche nous permet de longer la rive, d’observer les phoques curieux, les sternes arctiques bruyantes et parfois quelques oies bernaches. Une parenthèse fraîche et vivante, entre glace et océan. Ensuite route vers Skaftafell, de l'autre côté de la montagne. Installation du campement pour 2 nuits. 

Skaftafell, territoire façonné par les glaciers, posé au pied du plus haut sommet d’Islande. Ici, les reliefs sont découpés, les vallées profondes, les langues de glace s’invitent dans le paysage. Nous partons à pied explorer ce site unique, entre moraines, forêts de bouleaux arctiques et vues dégagées sur les langues glaciaires. Une randonnée accessible, mais riche en contrastes.
En fin de journée, nous admirons les champs alluvionnaires du Skeiðarársandur, vastes étendues grises issues des débordements glaciaires, puis les coulées de lave figées du sud. Nous rejoignons notre campement pour la nuit, posé au pied du plus haut sommet d'Islande. 

Nous quittons la région de Skaftafell pour poursuivre notre itinérance vers le sud. En chemin, nous faisons halte au canyon de Fjaðrárgljúfur, creusé dans les tufs volcaniques, où une courte marche nous permet de longer les falaises et d’observer les méandres de la rivière en contrebas. La route continue vers Vík, village côtier bordé par les plages de sable noir et les falaises abruptes. Nous y retrouvons l’océan, les oiseaux marins et les ambiances plus douces du sud.
L’après-midi, nous prenons de l’altitude pour rejoindre Þakgil, un site étonnant niché entre les crêtes, à l’écart de la route principale. Une randonnée nous mène à travers des vallées encaissées, des mousses épaisses et des reliefs sculptés par l’érosion. Le contraste avec les paysages traversés les jours précédents est saisissant. Nous passons la nuit sur place, dans ce site absolument unique, entourés de montagnes et de silence. Une étape à part, hors du temps, qui marque le voyage.

Nous quittons Þakgil dans la matinée pour retrouver la route côtière. La journée est ponctuée de haltes emblématiques du sud islandais. Nous marchons sur la plage de Reynisfjara, bordée de colonnes basaltiques et battue par les vagues de l’Atlantique. Le sable noir, les falaises abruptes et les cris des oiseaux marins composent une ambiance brute et vivante.
Nous poursuivons vers Skógafoss, chute rectiligne de plus de soixante mètres, que nous approchons à pied pour ressentir la puissance de l’eau. Un peu plus loin, Seljalandsfoss offre une autre perspective : nous pouvons en faire le tour, passer derrière le rideau d’eau et observer le paysage à travers les gouttes.
La route continue vers l’ouest, longeant les terres agricoles et les reliefs adoucis. Dans l'après-midi, nous arrivons à Reykjavík, où nous retrouvons la ville, ses lumières et son rythme plus urbain. Dernière nuit en ville avant la fin du voyage.