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Une odyssée familiale au Marathon Des Sables

Hugo Blondel
Une odyssée familiale au Marathon Des Sables

Le Marathon Des Sables est une épreuve unique en son genre, mythique. Cette année, avec Terres d’Aventure, plusieurs familles se lancent le défi de terminer la course ensemble. Parents et enfants nous expliquent pourquoi.

Une traversée du désert que l'on affronte généralement seul, face à soi-même, face à l'inconnu. Une grande course de 250km par étapes en autosuffisance alimentaire. Les cloques, la chaleur, la douleur, mais aussi la joie, les paysages et l'ambiance du bivouac. C'est tout ça le Marathon Des Sables (MDS). Les grands enfants des familles Behr, Bohbot et Habasque en ont entendu le récit de nombreuses fois. Leurs parents ont tous déjà participé à plusieurs éditions. Tous y retournent inlassablement.

"C'est une course où il vaut mieux avoir un but. Après l'édition 2019, on s'est concerté avec les anciens coureurs pour en trouver un nouveau", raconte Lionel Habasque, président directeur général de Terres d'Aventure. Jusqu'au jour où l'idée a germé : "le challenge cette année c'était de le faire avec nos enfants". Son fils, Antoine, a dit oui tout de suite : "Pouvoir partager une aventure de cette sorte et en famille, c'est convaincant dès le départ".

Les trois familles vont courir sous la bannière Terres d'Aventure, aux côtés de deux autres équipes composées de salariés de l'entreprise et de coureurs d'expérience.

Des coureurs sur la troisième étape du 34ème Marathon Des Sables - ©Erik Sampers

"Il faut avoir un peu le sens de l'humour dans ce genre d'épreuve"

"A la base, papa a dit en rentrant du MDS 2019 qu'il ne le referait plus sauf si ses fils le faisaient avec lui. On s'est dit que dans 4 ans c'était ses 60 ans et que ça nous laissait largement le temps de nous y préparer", raconte Nathan Behr avec l'approbation de ses frères Simon-Pierre et Samuel. Leur père, Jacques, prend son 3ème départ sur la course. Tous sont sportifs, mais mis à part le foot, les randonnées et quelques petites aventures, c'est la première fois qu'ils prennent part à un tel défi.

Gilles et Quitterie, parents de la famille Bohbot, participent respectivement pour la 6ème et la 3ème fois. Avec leurs enfants, Maÿlis et Julien, Gilles a déjà fait un half ironman (triathlon) mais rien de comparable au MDS : "Julien courait sur ce format et Maÿlis celui d'en dessous. Je lui ai fait la mauvaise blague de changer son dossard au dernier moment pour le half ironman. Et j'ai eu raison car elle l'a terminé". Les enfants, eux, s'accordent à dire sans se concerter que leur plus beau défi jusque-là c'est d'avoir vécu si longtemps sous le même toit. "C'est à leur image. Ils aiment bien rigoler comme nous, il faut avoir un peu le sens de l'humour dans ce genre d'épreuve" s'amuse Gilles.

Stratégies et entraînements

Trêve de rigolade. Lorsqu'il s'agit de stratégie, les points de vue familiaux divergent. A l'image de leurs entraînements communs les weekends, Lionel et Antoine envisagent de courir ensemble. "En général, les coureurs font leur course seuls mais là, à priori, on a décidé de le faire ensemble du début à la fin... s'il veut bien m'attendre !" s'amuse Lionel. L'expérience et les aléas y ajouteront leur grain de sel.

Avec l'éloignement géographique, pour la famille Behr, 90% de la préparation s'effectue chacun de son côté. "Le mot d'ordre est de courir chacun à son rythme" même si "papa poule gardera toutefois un œil bienveillant et discret sur sa couvée. Je leur ai expliqué de ne pas se griller dès la première journée" reconnaît Jacques. Idem pour la famille Bohbot. Chacun, chacune, motive les autres et partage ses astuces entraînements, les hauts et les bas, mais la course sera individuelle. "Je pense que chacun aura en tête la possibilité de se croiser sur le parcours, ou de se retrouver à l'arrivée. Ce sera sans aucun doute l'un des moteurs de motivation dans les moments difficiles", confie Julien.

Se lancer dans l'inconnu

En tant que coureurs expérimentés, les parents dispensent leurs meilleurs conseils. Les obstacles sont nombreux pendant ces six jours d'épreuve : le sable, les ampoules, les douleurs, la déshydratation. Maÿlis évoque notamment la chaleur, et la gestion de course : "j'ai du mal à bien gérer mon effort, je sous-estime mon énergie et non l'inverse, même si je suis déterminée, je peux avoir le mental qui flanche." Elle compte sur son frère pour porter son sac de temps en temps.

Malgré des entraînements rigoureux, des weekends chocs de préparation, et une ferme volonté d'aller au bout, Samuel partage les craintes de ses camarades. "Ma crainte c'est plutôt l'inconnu. On n'a jamais été dans le désert, on n'a jamais fait d'auto-suffisance alimentaire. La gestion c'est ce que j'appréhende le plus." Justement l'inconnu, selon Antoine "c'est peut-être un inconvénient ou un avantage. Comme je ne sais pas du tout où je vais, je crains à la fois tout et rien". Le pire pour lui serait de ne pas aller au bout. Tous partagent cette appréhension. Le mental prime et l'esprit de famille leur sert de ciment.

Le peloton au 34ème Marathon Des Sables - ©Erik Sampers

Unis face à l'épreuve

Les trois familles prendront le départ le 23 avril prochain, avec un seul objectif : vaincre le 37ème Marathon Des Sables. "Je ne suis pas un grand philosophe", avoue Gilles. "Ce qu'il faut voir c'est ce que ça apporte au groupe. Vivre dans le désert c'est une sacrée expérience" résume-t-il en évoquant notamment le rapport au temps et à la douleur. "Je pense que surmonter une épreuve ensemble, dans la douleur, et de tous s'en sortir, va beaucoup apporter à notre famille. Faire le feu ensemble, se retrouver au bivouac, échanger, ça renforce !"

La fratrie Behr puise aussi dans une autre source de motivation. La famille a perdu en 2022 une jeune amie, Audrey, touchée par un cancer du cerveau. "Elle a mené un combat de guerrière. Si elle était capable de mener ce combat, on doit être capables de courir un Marathon Des Sables" explique Simon-Pierre. Ils ont lancé une levée de fonds afin de réaliser une donation pour la recherche contre le cancer du cerveau chez les jeunes adultes.

Pour participer à la levée de fonds organisée par la famille Behr : Crowdfunding to Fund research dedicated to finding new ways to treat rare forms of brain cancer in young adults on JustGiving

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