Rwanda : Au pays des mille collines
 
			Avec ses longues routes asphaltées, ses lacets vallonnés et ses petites pistes de brousse, on dit que le Rwanda est LE pays du vélo. Pourtant, rares sont les voyageurs à le parcourir à vélo. Alors Gabriel Clair, directeur de la conception des voyages à vélo pour Terres d’Aventure, est allé vérifier.
Dans de nombreux pays d’Afrique, le vélo est largement utilisé dans le quotidien des habitants. Pour nos clients, en quoi est-ce un moyen idéal d'explorer ces pays ?
Gabriel Clair : C’est vrai que beaucoup d'habitants se déplacent à vélo en Afrique, comme au Gabon, au Burkina Faso, en Ouganda, en Erythrée ou encore en Afrique du Sud, mais ça ne veut pas dire que les infrastructures sont adaptées. Dans certains endroits, c’est certainement une habitude culturelle même si je pense avant tout que les gens utilisent le vélo par nécessité et par praticité. Le Rwanda fait exception à cela. Ici, tout le monde circule à vélo, c’est vraiment ancré dans les mœurs. Les automobilistes font attention aux cyclistes. Pour nos clients, c’est incroyable de vivre ça, en sécurité, avec plein de cyclistes rwandais autour : quelqu’un qui va au travail, un autre qui a juste envie de rouler avec nous ou de faire la course ! En plus, cela permet d’aller dans des endroits où aucun touriste ne va. Avec le vélo, on relie les points incontournables et, entre deux d’entre eux, on emprunte des itinéraires détournés, peu fréquentés, pour s’arrêter dans des villages.
 
 
Justement, peux-tu nous résumer ton récent voyage au Rwanda, le pays des mille collines ?
G.C. : L’idée est de développer les voyages au long cours à vélo. En l’occurrence, nous en proposons beaucoup en Asie, un certain nombre en Amérique latine, mais très peu en Afrique centrale et en Afrique de l’Est. À la fin de l’année 2025, le Rwanda accueillera les championnats du monde de cyclisme. C’est le pays du vélo en Afrique. Je suis parti là-bas pour découvrir pourquoi. Il y a de magnifiques routes asphaltées, le Congo Nile Trail, et évidemment les gorilles. Avec l’équipe rwandaise, nous avons roulé et parcouru le parc des volcans, le parc national de Nyungwe et le parc national d’Akagera. Au-delà de ça, j’ai surtout été marqué par les rencontres. Les interactions sont très fortes et omniprésentes.
Que retiens-tu particulièrement ?
G.C. : Impossible de ne garder qu’un souvenir ! Un jour, je me suis arrêté pour prendre un soda dans un bouiboui et au moment de sortir, un enfant me barre le passage. Je le salue, je bois mon soda et alors que je pense partir, l’entrée est bloquée par 50 enfants ! Tous veulent savoir ce que je fais là et m’expliquent qu’ils apprennent le français en seconde langue. Comme souvent dans ces pays d’Afrique, on enseigne en chantant. J’ai commencé à leur donner un cours de conjugaison en disant « j’ai, tu as, il a… », et tous se sont appliqués à répéter : « j’aiiii, tu aaaas, il aaaa… ». C’était génial. Plus tard pendant le voyage, il y a ce village où nous nous sommes arrêté près une maison avec un DJ en plein mix, les enceintes poussées au maximum. Au même moment, la pluie s’est mise à tomber violemment, prolongeant la pause. C’est là que les habitants sont sortis de chez eux et que d’un coup tout le monde s’est retrouvé à danser sous la pluie dans un moment de grâce absolu. Dans ce type de voyage, tout est vrai, tout est improvisé et ça se sent.
Pour concevoir un tel voyage, quels sont les critères auxquels tu portes une attention particulière ?
G.C. : Le premier point est purement logistique : il faut s’assurer qu’il y a des vélos, car on ne les transporte pas depuis la France. Le matériel doit être bien entretenu, de qualité et adapté au terrain. Nous avons également besoin d'un guide, formé à l’encadrement d’autres cyclistes, aux premiers secours et dotée d’une connaissance poussée du terrain. Quand on a toutes ces certitudes, on se concentre sur le deuxième élément clef : l’attrait touristique. Avant de créer un voyage, je me pose d’abord la question : pourquoi aller dans ce pays ? À partir des différents points forts, on regarde comment amener le cyclisme dans l’expérience. Il doit nous permettre de rejoindre ces endroits d’exception, même s’ils ne sont pas visitables à vélo. On ne fait pas du vélo juste pour pédaler. Troisième sujet primordial : quel itinéraire va être le plus intéressant ? C’est là qu’on peut amener la rencontre, un tracé sécuritaire, plus ou moins difficile, avec les plus beaux paysages. Le but c’est d’être le plus possible à l’air libre. La finalité, ce n’est pas de faire du vélo en permanence. On pourrait pédaler 150 kilomètres par jour, mais mieux vaut parcourir 15 kilomètres en plusieurs heures parce qu’on aura vu et vécu beaucoup plus de choses que sur une longue distance. Le fait de s’arrêter dans les villages, de prendre le temps, est au fond mille fois plus important que de rouler.
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Qui peut prétendre participer à ce type d’aventure ?
G.C. : Pour la plupart, ce sont des voyages grand public : tout le monde peut participer. Il faut avoir envie de bouger et de sortir un peu de sa zone de confort certes, mais avec les vélos à assistance électrique, les possibilités sont nombreuses. Plus généralement, cela s’adresse à des gens qui veulent faire des rencontres et s’ouvrir à une autre culture. C’est tellement différent de traverser un pays à vélo plutôt qu’en voiture.
Sur le continent africain, quels sont les autres voyages à vélo proposés par Terres d’Aventure ?
G.C. : En Afrique du Nord, nous proposons un voyage au Maroc et depuis peu un voyage en Tanzanie. Ils sont conçus sur le même principe avec un équilibre entre les rencontres et les lieux incontournables. En Tanzanie, ce qui est intéressant, c’est qu’on peut faire du vélo au milieu des animaux, mais aussi prévoir des safaris plus classiques. Pour les prochaines destinations, nous pensons au Sénégal et à Madagascar.
