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Face au changement climatique, une seule solution pour Christian Clot : le collectif

Hugo Blondel
Face au changement climatique, une seule solution pour Christian Clot : le collectif

Le 15 mai dernier, l’explorateur Christian Clot s’est élancé avec son équipe de climatonautes dans le troisième volet de leur mission Deep Climate, en Arabie Saoudite. L’occasion pour nous de dresser un premier bilan de leur expédition précédente en Laponie.

Le contraste est saisissant. En à peine plus d'un mois, l'équipe de climatonautes menée par Christian Clot, explorateur-chercheur, est passée de - 30 degrés en Laponie à près de 50 degrés en Arabie Saoudite. L'objectif de la mission Deep Climate dirigée par le Human Adaptation Institute (HAI) : comprendre l'impact des changements climatiques sur les humains en menant successivement trois traversées de 40 jours chacune, dans trois milieux climatiques extrêmes et représentatifs de climats possibles dans un futur proche.

Vu les conditions climatiques au-delà du cercle polaire arctique, la mission s'est globalement bien déroulée. Le froid est éprouvant. "Certains ont vraiment souffert malgré le bon matériel qu'on avait. Il y a eu des nuits difficiles, des grandes fatigues face à l'effort de progression quotidien", confie le leader de la mission. Les pulkas (traineaux que l'on tire à ski, NDLR) pesaient chacunes entre 40 et 80 kilos, remplis de matériel et de nourriture.

Adaptation contrainte

Les premiers constats font état de températures très variables. Une journée à zéro degré, une autre le lendemain à - 30 degrés. La nature souffre du changement climatique, les humains aussi. "On ne voit pas de fonte des glaces en Laponie comme on le voit ailleurs. En revanche, les populations locales ont de plus en plus de mal à gérer les températures qui fluctuent. En tant qu'humains, c'était intéressant de s'y confronter parce qu'on ne peut pas mettre en place un système qui va être pérenne. On n'est jamais sereins", raconte Christian Clot.

Les Climatonautes participent à une batterie de tests lors de la mission - ©Human Adaptation Institute-M-Saumet

Face au dérèglement climatique, une personne seule ne peut pas grand-chose. La solution doit être collective. L'explorateur et ses compagnons l'ont vu à plusieurs reprises. "Certains climatonautes n'étaient pas du tout faits pour ce milieu. S'ils avaient été seuls, ils n'auraient pas tenu longtemps", témoigne-t-il. Même si les choses peuvent mal se passer, il constate que "dans des conditions difficiles, le groupe génère, la plupart du temps, une volonté de coopération qui fonctionne bien."

Aguerri à ce type d'expériences, Christian Clot l'assume sans détours : "On ne pourra résoudre le problème du climat que si les gens ont envie de le résoudre en commun, et ce malgré les excellentes idées et solutions qui existent."

Deux ans d'analyses

C'est précisément l'objectif : observer ce à quoi l'être humain lambda n'est pas préparé. Mis à part un peu d'entretien physique, "le principe même d'une expédition c'est qu'on n'est jamais prêts." Pour cela les participants reviennent à leur vie de tous les jours entre chaque départ, "pour que quand ils repartent, ils soient dans la surprise".

Les pulkas de chaque participant pèsent jusqu'à 80 kilos - ©Human Adaptation Institute-M-Saumet

Outre les différents protocoles mis en place pendant les missions, les climatonautes sont soumis à une batterie d'analyses à l'Institut du cerveau (ICM) à Paris. Ils participent également à divers IRM, des tests d'évaluation du sommeil, du rythme cardiaque... qui constituent une base de plusieurs milliers de données. Pour certains travaux, il faudra quelques mois d'analyse et pour ce qui relève de la neuro-cognition, cela pourrait prendre jusqu'à deux années.

Depuis le 15 mai, ces vingt hommes et femmes ont entamé 40 jours du désert du Néfoud. La mission, dont Terres d'Aventure est partenaire, peut être suivie sur les réseaux sociaux du Human Adaptation Institute.

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